monde
La NR 4472 – Dimanche 4 novembre 2012
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Après la condamnation inter-
nationale de vidéos montrant
des rebelles tuant de sang
froid des soldats syriens, de
nouvelles images, tournées il
y a plusieurs mois, montrent
des partisans du régime ache-
vant des prisonniers rebelles
à l'arme automatique et dé-
coupant les oreilles de ca-
davres.
Hier, les insurgés, qui ten-
taient de s'emparer des bases
aériennes pour ôter au ré-
gime son principal atout
qu'est la maîtrise du ciel,
avaient pris pendant
quelques heures le contrôle
d'une base de la défense aé-
rienne et mené un assaut sur
l'aéroport militaire de Tafta-
naz, dans la région d'Idleb
(nord-ouest). Ils ont fait main
basse à l'aube sur le stock
d'armement de la base de
Douila, sans pouvoir s'empa-
rer des missiles trop lourds,
puis ont dû se retirer quand
l'aviation avait bombardé le
camp, selon des vidéos pos-
tées par les militants. D'autres
brigades de l'opposition
armée ont de leur côté lancé
un assaut contre l'aéroport
militaire de Taftanaz. Une
vidéo diffusée par des mili-
tants montre le Front isla-
miste Al-Nosra, dont les com-
battants sont présents sur la
plupart des fronts syriens,
généralement en première
ligne, participer à l'attaque.
La rébellion a également pro-
gressé à Douma, près de
Damas, prenant le contrôle
de trois importants bâtiments
militaires ou tenus par l'ar-
mée, selon l'Observatoire sy-
rien des droits de l'Homme
(OSDH), qui précise que les
violents combats ont fait au
moins 21 morts parmi les sol-
dats. Vendredi, 181 per-
sonnes ont péri à travers le
pays, dont 61 civils, 61 sol-
dats et 59 rebelles, selon
l'OSDH, qui a recensé plus de
36 000 morts depuis le début
en mars 2011 d'une révolte
populaire qui s'est militari-
sée face à la répression. Si la
rébellion enregistre des suc-
cès sur le terrain, l'opposi-
tion peine à s'organiser. Au-
jourd’hui s'ouvre à Doha une
conférence décisive qui ré-
unira sa principale coalition
en exil, le Conseil national sy-
rien (CNS), ainsi que d'autres
opposants, sous l'égide de la
Ligue arabe. Selon des infor-
mations non confirmées, ils
pourraient annoncer la for-
mation d'un gouvernement
en exil avec à sa tête un vété-
ran de l'opposition, Riad Seif,
aujourd'hui en exil. A Amman,
une vingtaine d'opposants,
dont M. Seif, des représen-
tants des Kurdes, des partis
de gauche, des Frères musul-
mans et des oulémas, ont
écarté cette semaine tout dia-
logue politique avec le régime
avant le départ du président
Assad, et réaffirmé leur vo-
lonté d'unir les rangs de l'op-
position, selon un communi-
qué. De son côté, le quoti-
dien gouvernemental
As-Saoura
a exclu toute né-
gociation avec le CNS, le qua-
lifiant de regroupement «de
mercenaires». A la veille de
Doha, les Etats-Unis, qui
comptent beaucoup sur cette
réunion, ont cherché à cal-
mer les esprits vendredi, en
niant vouloir imposer ses
vues au CNS, comme l'en ac-
cuse la coalition après des
déclarations de la secrétaire
d'Etat Hillary Clinton appe-
lant l'opposition à s'élargir
pour représenter «tous les
Syriens». Au lendemain du
tollé international suscité par
une vidéo montrant des re-
belles achevant de sang-froid
des soldats blessés, l'OSDH
a diffusé des images mon-
trant cette fois des combat-
tants pro-régime découpant
les oreilles de cadavres et ti-
rant sur des prisonniers. Une
première vidéo qui, selon le
directeur de l'OSDH, Rami
Abdel Rahmane, a été tour-
née en juillet dans la région
de Lattaquié (nord-ouest),
montre un homme en treillis
militaire brandissant une
oreille et un couteau en riant
face à la caméra.
«Voilà l'oreille d'un chien, on
va leur donner une leçon»,
dit l'homme, faisant allusion
aux rebelles. Un peu plus loin,
sept hommes aux corps très
mutilés, apparemment morts,
sont étendus sur le sol. Au
milieu d'un groupe d'hommes
habillés en tenue militaire, un
homme en treillis s'approche
d'un des cadavres et lui dé-
coupe l'oreille avec un cou-
teau devant la caméra. «Fais
pas ça, nous sommes (avec)
le régime», dit un des
hommes du groupe, tandis
qu'un autre lance: «donne son
oreille aux chiens!». Une autre
vidéo, datant de février et
tournée à Deraa (sud),
montre des individus, cer-
tains en civil et d'autres en
treillis, achever à l'arme auto-
matique des hommes qu'ils
présentent comme des re-
belles.
RR.. II..//AAggeennccee
Les rebelles multiplient les
attaques contre l'armée de l'air
Syrie
Mali
,
Le groupe islamiste radi-
cal malien Ansar Dine, dont
une délégation était attendue
à Alger, serait prêt à prendre
ses distances avec Al-Qaïda
au Maghreb islamique
(Aqmi), a rapporté samedi
le quotidien
El-Watan
citant
un «haut responsable algé-
rien». Selon ce responsable,
le chef d'Ansar Dine, Iyad Ag
Ghaly, qui a toujours main-
tenu des liens avec Alger, «se-
rait prêt à faire une déclara-
tion dans laquelle il prendra
officiellement ses distances
d'Aqmi et acceptera de jouer
le jeu de la -démocratie-», lit-
on dans le journal. Cette
source autorisée s'attend à
une sortie médiatique «dans
les tout prochains jours» du
patron de cette organisation
pour signifier son divorce
avec Aqmi et son soutien à
l'option internationale du dia-
logue politique.
Ansar Dine est un des
groupes islamistes armés qui
occupent le nord du Mali où
il applique brutalement la
charia (loi islamique) dans
les zones sous son contrôle.
Pour
El-Watan
, «sous réserve
de la concrétisation de cet
engagement d'Ansar Dine,
l'Algérie aura réussi son pari
de faire changer le fusil
d'épaule à un mouvement
qu'elle était la seule à consi-
dérer comme récupérable».
Selon la source algérienne,
la secrétaire d'Etat améri-
caine, Hillary Clinton, aurait
accepté, lors de ses entre-
tiens le 30 octobre à Alger,
«une sorte de sursis» à l'Algé-
rie «pour réussir à faire en-
tendre raison au controversé
mouvement avant de lancer
l'assaut». Un proche d'Iyad
Ag Ghali avait annoncé ven-
dredi avoir envoyé à Ouaga-
dougou et Alger des déléga-
tions pour négocier «la paix».
Les émissaires envoyés au
Burkina Faso sont arrivés
vendredi soir, mais Alger
n'avait toujours pas confirmé
samedi l'arrivée de l'autre dé-
légation. Des experts afri-
cains, y compris algériens,
européens et onusiens étu-
dient jusqu'à aujourd’hui à
Bamako le «concept d'opéra-
tion» d'une intervention
armée destinée à reconquérir
le nord du Mali. Le Conseil de
sécurité de l'ONU avait
adopté le 12 octobre une ré-
solution préparant le déploie-
ment d'une force ouest-afri-
caine de quelque 3 000
hommes au Mali donnant jus-
qu'au 26 novembre à la Com-
munauté économique des
Etats d'Afrique de l'Ouest
(Cédéao) pour préciser ses
plans sur cette intervention.
RR.. II..//AAggeennccee
Ansar Dine prêt à prendre
ses distances avec Aqmi
LL''ooppppoossiittiioonn ssyyrriieennnnee ssee rrééuunniitt aauujjoouurrdd’’hhuuii àà
Doha dans l'espoir de bâtir une position commune
afin de gagner enfin en crédibilité et de se donner
les moyens militaires et politiques de renverser le
président Bachar al Assad.
«Il faut absolument une alternative à ce régime»,
martèle Riad Seif, une des figures majeures de la
dissidence, qui a quitté la Syrie en juillet après y
avoir été emprisonné. Il explique vouloir mettre en
place «une période provisoire qui commence par la
formation d'une direction politique jusqu'à ce
qu'une Assemblée nationale représentant
l'ensemble des Syriens se réunisse à Damas, après
la chute d'Assad». Agé de 66 ans et luttant
actuellement contre un cancer, l'ancien député
Riad Seif est une voix écoutée et espère réunir des
soutiens autour d'une initiative qui porte son nom
et vise à créer une Assemblée plus large que le
Conseil national syrien (CNS), la plus grande
instance de l'opposition en exil, critiquée pour son
manque de représentativité. Rencontré récemment
par Reuters à Amman, il a multiplié les contacts ces
derniers jours dans la capitale jordanienne en
prévision de la conférence au Qatar. L'opposant
s'est notamment entretenu avec l'ancien Premier
ministre Riad Hidjab, qui a fait défection il y a trois
mois, avec Souhair Atassi, organisatrice des
premières manifestations pacifiques au début du
soulèvement en mars 2011, ou avec Kamal
Labouani, ancien prisonnier politique désormais
ouvertement favorable à la lutte armée.
RR.. II..//AAggeennccee
Des rebelles ou des criminels de guerre ? (Photo > D. R.)
Ansar Dine montre son inquiétude.
(Photo > D. R.)
,
Les rebelles pro-
gressaient samedi en
Syrie, prenant des
positions des troupes
du régime de Bachar
al-Assad dans plu-
sieurs régions du pays
en proie à un conflit
marqué par des exac-
tions des deux belli-
gérants, à la veille
d'une réunion cru-
ciale de l'opposition
au Qatar.
L'opposant Riad Seif cherche à unir
le front anti-Assad
Libye
,
Des centaines de partisans du
fédéralisme ont manifesté ven-
dredi à Benghazi, dans l'est de la
Libye, pour réclamer l'autonomie
de cette région riche en pétrole et
berceau de la révolution contre le
colonel Mouammar Kadhafi. Plus
de 1 000 manifestants réclamant
une plus grande autonomie de la
région de la Cyrénaïque se sont
rassemblés devant l'hôtel Tibesti
après la prière hebdomadaire du
vendredi, selon un journaliste de
l'AFP. «Ignorer nos demandes de
fédéralisme aura de graves consé-
quences pour l'avenir de la Libye»,
pouvait-on lire sur une banderole.
Certains partisans du fédéralisme
voudraient que Benghazi de-
vienne la capitale économique du
pays où seraient basées des ins-
titutions clés comme la Banque
centrale ou les ministères du Pé-
trole et des Finances.
Les manifestants ont fait circuler
une déclaration appelant à un re-
tour à la Constitution de 1951 et
exprimant leur soutien au gou-
vernement du Premier ministre
Ali Zeidan, qui a été approuvé
mercredi par l'Assemblée natio-
nale. «Nous déclarons notre plein
soutien au gouvernement élu, qui
a obtenu la confiance du Congrès
national général, afin de rédiger
une Constitution sur la base de la
Constitution légitime de 1951»,
selon ce texte. La Libye était dotée
d'un système fédéral de 1951 à
1963 sous le règne du roi Idriss al-
Sénoussi renversé par Kadhafi en
1969. Elle était alors divisée en
trois régions administratives: la
Cyrénaïque (est), la Tripolitaine
(ouest) et le Fezzane (sud).
RR.. II..//AAggeennccee
Des centaines de partisans
du fédéralisme manifestent à l’est
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